Article paru dans « Terrain » sur les effets du toucher

La revue Terrain consacrée au toucher donne dans son N°49 paru en août 2007, une explication intéressante sur l’importance du toucher comme sens premier: « Les perceptions tactiles et leur intermodalité avec d’autres activités sensorielles comme la vue ont-elles influé sur la pensée philosophique ou, plus prosaïquement, sur le succès des films hard core ? Les peuples dits « primitifs » ont-ils une sensibilité tactile différente de la nôtre ? Que nous apprennent les études sur les primates de l’importance du toucher dans les toutes premières périodes de la vie ? Le toucher est-il un moyen d’action et de connaissance techniques ? C’est de ces sensations au puissant pouvoir évocateur, de la manière dont les hommes, ici ou là, hier ou aujourd’hui, leur ménagent un espace dans leurs pensées et dans leurs discours, dans leurs actions et leurs professions que traite ce volume de Terrain.  »

Plusieurs articles sur la question en milieu hospitalier, montre à quel point toucher peut être tabou et peut avoir plusieurs significations. « S’il y a un espace collectif où l’on touche et où l’on est touché – au sens littéral et au sens figuré – c’est bien l’hôpital. Les populations en présence s’y répartissent selon une ancienne et profonde ligne de clivage qui sépare les touchés (les patients) et les toucheurs (les professionnels de santé). Ces derniers sont pourvus d’une armure défensive relativement efficace. Malgré cela, toucher les morts ou porter la main sur les entrailles des vivants ne sont pas des gestes anodins. D’autant que la culture hospitalière, certes en pleine évolution aujourd’hui, reste encore globalement une culture du corps à corps. En effet, bien que le sens clinique semble menacé chez les étudiants en médecine, les hospitaliers continuent de mettre l’accent sur les vertus du contact immédiat avec les êtres et les choses, préférant traditionnellement de loin l’oral (le bouche-à-oreille) à l’écrit. Il arrive alors que toucher, ce soit s’approprier, incorporer, manger, tandis qu’être touché, ce soit risquer d’être dévoré. L’effroi disparaîtra-t-il en même temps que le plaisir du toucher si ce dernier devient virtuel, comme le propose depuis quelques années la chirurgie robotique ? »

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